Le sapin de noël
L'arbre de Noël regroupe infiniment de symboles montrant les
richesses de la nature : la lumière, les anges, les fruits
des vergers, des champs, de la forêt et de la mer. L'étoile
qui brille à son faîte annonce la fin du voyage, le
havre de paix.
Il n’est pas une « invention » chrétienne
de Noël…
ANTIQUITE
Les Celtes considéraient le 24 décembre
comme le jour de la renaissance du Soleil. Ils avaient coutume d'associer
un arbre à chaque mois lunaire et avaient dédié
l'épicéa, qui était l'arbre de l'enfantement,
à ce jour-là.
Quant aux Romains, ils décoraient leur foyer
de branches de sapin lorsqu'ils fêtaient Saturne: durant cette
période du 17 au 24 décembre, les esclaves prenaient
la place de leurs maîtres qui devaient les servir à
table….
Les Scandinaves plaçaient un sapin devant leurs abris pour
que les esprits les protègent du grand froid…
Le christianisme va amplifier la symbolique en lui
donnant les diverses valeurs chrétiennes liées à
la naissance du Christ et tant que « renouveau »…
MOYEN AGE ET RENAISSANCE
Au XIe siècle, les fidèles avaient
coutume de présenter des scènes appelées Mystères,
dont celle du Paradis, fort populaire durant l'Avent. Garni de pommes
rouges, un sapin symbolisait alors l'arbre du Paradis. Chaque fruit
rouge (pommes) suspendu sur l'arbre représentait un pêché
d’Adam et d’Eve.
Au cours du XVe siècle, les fidèles
commencent installer le sapin dans leurs maisons, le 24 décembre,
jour de la fête d'Adam et Ève. Jusqu’à
présent, on décorait les maisons avec des branches
coupées 3 jours avant Noël. C'est en 1521 que le sapin
ou arbre de Noël ou encore arbre du Christ est mentionné
pour la première fois en Alsace et dans la région
de Bâle. Mais il est encore sans lumières. Il représente
l'Arbre d'Eden dans les mystères joués la veille de
Noël sur les bords du Rhin. Pour le décorer, on attachait
des pommes à ses branches.
Il existe également des documents attestant d'une fête
le 24 décembre 1510 à Riga en Lettonie où des
marchands dansaient autour d'un arbre décoré de roses
artificielles avant de le brûler.
En 1546 la ville de Sélestat autorise la
coupe des arbres verts pour Noël, au cours de la nuit de la
Saint Thomas, le 21 décembre. Rapidement, la décoration
du sapin va se diversifier, et à côté des pommes
rouges, apparaissent les roses, symboles de la Vierge, des confiseries
et des petits gâteaux ressemblant à des hosties.
Officiellement, l'Eglise considérait l'arbre
de Noël comme une pratique païenne et franc-maçonne
et tolère à peine son usage, ce jusqu'au milieu du
XXe siècle. L’Eglise considérait que l’arbre
de noël était une réminiscence trop puissante
du rite païen lors des fêtes du solstice d'hiver où
l’on décorait un arbre, symbole de vie, avec des fruits,
des fleurs, du blé.
LA REFORME
En 1560, en pleine Réforme, les protestants se refusent à
représenter la Nativité par une crèche comme
les catholiques. Ils préfèrent développer la
tradition du sapin de Noël, arbre qui symbolise le paradis
d'Adam et Eve et la connaissance du bien et du mal. Aussi, la tradition
du sapin de Noël se répand dans les pays d'Europe Protestante,
en Allemagne et en Scandinavie. La décoration devient plus
importante et plus variée. On accroche notamment une étoile
au sommet de l'arbre, symbole de l'étoile de Bethléem
qui guida les Rois Mages.
Peu à peu, après que la tradition
se fût répandue dans les communes protestantes d'Allemagne
du nord et les grandes villes le sapin se répandit dans les
milieux catholiques et occupa une place de choix dans les églises
des deux religions. Au XVII et XVIIIe siècle on commence
à voir des premiers sapins illuminés. Comme la cire
était coûteuse, on plaçait des coquilles de
noix remplies d'huile à la surface de laquelle une petite
mèche flottait ou des chandelles souples que l'on nouait
autour des branches.
LES TEMPS MODERNES
C'est au XIXe siècle que le sapin de Noël prend véritablement
son essor.
En 1841, le prince Albert, originaire d'Allemagne, époux
de la reine Victoria, fait dresser un arbre de Noël avec ses
lumières brillantes au château de Windsor. De la cour,
la mode du sapin de Noël se répand rapidement chez la
bourgeoisie et se propage ensuite chez les gens du peuple. À
l'époque victorienne, un beau sapin de Noël devait avoir
six hauteurs de branches et être posé sur une table
recouverte d'une nappe de damas blanc. On le parait de guirlandes,
de bonbonnières et de fleurs en papier.
Au XVIIIe siècle, la coutume du sapin décoré
était déjà bien implantée en Allemagne,
en France et en Autriche. En France, l'arbre de Noël est introduit
à Versailles par Marie Leszcynska, femme de Louis XV en 1738.
Mais il est réellement popularisé par la princesse
Hélène de Mecklembourg qui l'apporte à Paris
en 1837, après son mariage avec le duc d'Orléans et
fait décorer un sapin aux Tuileries. Cette tradition se généralise
après la guerre de 1870 dans tout le pays. Les émigrés
d'Alsace-Lorraine font largement connaître la tradition du
sapin aux français : "Là où il y a une
famille alsacienne, il y a un sapin de Noël". A la fin
du XIXe siècle tout le pays l'a adopté.
Son introduction au Canada se fait à la fin
du XVIIIe siècle, avant même qu'il ne devienne une
pratique courante en Angleterre. Il fait ensuite son apparition
aux Etats Unis à la Maison Blanche. Il faut cependant attendre
le XXe siècle pour les pays catholiques comme l'Italie ou
l'Espagne l’adoptent... Désormais, les guerres de religions
ont disparu et chaque foyer célèbre un Noël œcuménique
avec le sapin et la crèche.
DECORATION
Les divers éléments servant à son ornementation
furent d'abord conçus à la maison, avant d'être
produits en industrie. Au milieu du XVIIe siècle, l'illumination
du sapin se faisait au moyen de petites bougies. Elles sont remplacées,
au début du XXe siècle, par des ampoules électriques.
D'autres variantes, tels les sapins extérieurs et artificiels,
apparaîtront au tournant du XXe siècle. Jusque dans
les années 1950 c'est l'Allemagne et les pays d'Europe de
l'est qui restent le coeur de production des ornements d'art. Les
artisans travaillaient de nombreux matériaux comme le verre
soufflé, filé, moulé, le métal, la cire
et le bois. On fabrique aussi des petits personnages en coton, des
cheveux d'anges métalliques d’origine lyonnaise.
La boule de Noël qui décore les sapins
est née à Meisenthal en Moselle : traditionnellement,
on y accrochait des pommes mais en 1858, l'hiver fut si rigoureux
qu'il n'y eu plus de pommes. Un artisan verrier eut l'idée
pour donner quand même un peu de joie à la fête
de créer des boules représentant une pomme et d'autres
fruits.
La boule de Noël était née.
Aujourd’hui, le sapin est décoré
de guirlandes colorées, de bougies électriques et
de boules représentant des fruits avec, au sommet, l'étoile
de Bethléem.
BOTANIQUE
En botanique, au sens strict, on distingue le sapin de l'épicéa.
En général, le sapin de Noël est un épicéa
mais on trouve parfois sur les marchés de Noël des vrais
sapins.
Le sapin se distingue par ses feuilles aux deux
bandes blanches sur le dessous. C'est pourquoi il porte le nom officiel
d'abies alba (sapin blanc). Ses feuilles sont plus grandes, plus
vertes et plus résistantes que celles de l'épicéa.
Le nom consacré de l'épicéa
est picea abies (épicéa sapin). Le premier terme désigne
le genre, le second l'espèce. Ce sont donc deux genres différents
: le premier appartient au genre sapin, le second au genre épicéa,
mais l'espèce est le sapin !
Aujourd’hui, le sapin de Noël classique
est essentiellement un épicea (Picea abies) mais en raison
de la chute plus rapide de ses aiguilles on lui préfère
le Sapin de Nordmann (Abies nordmanniana), bien plus cher. D'autres
variétés intermédiaires sont proposées
en jardinerie comme le sapin de Corée (Abies koreana) ou
encore l'épicea de Serbie (Picea omorica). |